Galerie d'un musée avec un mur rouge remplie d'œuvres d'art

L'histoire du musée des Beaux-Arts

La collection du musée des Beaux-Arts de Lyon est conservée dans un édifice d’exception.  On revient sur l’histoire de cette ancienne abbaye et sur le développement d’une institution devenue incontournable en Europe. 

L’abbaye royale des Dames de Saint-Pierre  

Les façades en pierre de taille que nous observons aujourd’hui sur la place des Terreaux sont le résultat du chantier entrepris par l’abbesse Anne de Chaulnes. 

Au XVIIe siècle, l’élue de l’abbaye souffre de la grande vétusté des bâtiments. Les cellules sont basses et étroites. L’air et la lumière du jour pénètrent difficilement les pièces. En 1659, l’abbesse obtient les fonds nécessaires à la construction d’un couvent de dimension palatiale. Le chantier est confié à François Royer de la Valfenière, un architecte de renom originaire d’Avignon. C’est à lui que l’on doit les façades de l’actuel musée des Beaux-Arts, dans le quartier République Grolée-Carnot. Les travaux vont se poursuivre sur 3 décennies.  

En 1672, l’abbesse Anne de Chaulnes s’éteint, laissant à sa sœur le soin de finaliser le projet. Antoinette de Chaulnes s’offre les services de Thomas Blanchet, le peintre décorateur de l’Hôtel de Ville de Lyon. L’escalier d’honneur des Dames de Saint-Pierre en est un exemple remarquable. Aujourd’hui privé de l’essentiel de ses sculptures, l’ouvrage était à l’époque orné de figures féminines à la Gloire des Bénédictines.  

Imaginez une allégorie de la Force en bas des marches, un buste en marbre de l’abbesse de Chaulnes, des Vestales et des Vertus, mais aussi des figures ailées distribuant des couronnes de laurier… Un « pompeux escalier », c’est ainsi que l’ouvrage sera décrit dans une lettre de remerciement adressée à l’abbesse en 1690. 

La Révolution française et la création du musée  

Fini le rêve de ces dames. La Révolution française expulse les dernières moniales encore présentes en 1792. Le palais est conservé. Sauvé par sa proximité avec l’Hôtel de Ville, il ne sera ni détruit, ni vendu. Sur décision du Conseil municipal, l’édifice devient un lieu de conservation des tableaux et autres objets d’art confisqués au clergé et à la noblesse.  

Toutes ces œuvres appartiennent désormais aux bien nationaux et leur accès doit garantir la transmission libre et immédiate du savoir. L’idée est d’installer un musée dans chacune des grandes villes des 83 nouveaux départements. Les établissements religieux semblent tout indiqués pour abriter ces œuvres.  

Le texte fondateur du 14 fructidor an IX (1801) prévoit la répartition des œuvres issues des réserves du Louvre et de Versailles vers 15 villes de France en fonction de leur population et de leurs activités économiques. Lyon fait partie des grandes villes concernées et les premiers tableaux seront déposés dans l’ancien chauffoir de l’abbaye. La salle ouvre ses portes au public en 1803.  

Tout au long du XIXe siècle, l’ancienne abbaye devient un lieu de cohabitation entre différents services : la Bourse, la Chambre de commerce et d’agriculture, l’Ecole des beaux-arts, la bibliothèque de la ville… On s’y rend pour assister aux cours publics de physique, de chimie, de géométrie ou encore d’histoire naturelle donnés par les facultés des Sciences et des Lettres.  

Groupe de visiteurs qui regardent une œuvre accroché au mur

Un constat accablant avant l’âge d’or  

Après plusieurs décennies d’activités bouillonnantes, l’édifice s’est dégradé. Les locaux sont sales et mal entretenus, mais surtout les installations sont vétustes et le bâtiment se trouve dans un état de délabrement généralisé. Les terrasses, les toits, le cloître et toute l’aile sud sont rongés par des dommages structuraux.  

Le Palais des Arts va être repensé après le départ de la Bourse et de la Chambre de commerce. Le musée et l’Ecole des beaux-arts vont bénéficier d’une réorganisation complète orchestrée par la ville. Les travaux sont menés par l’architecte Abraham Hirsch qui donnera au Palais Saint-Pierre son aspect extérieur (peinture décorative du cloître, médaillons à la gloire des célèbres artistes lyonnais…). 

La période de l’âge d’or (1875 – 1900) est marquée par une politique d’acquisition ambitieuse. Des antiquités, des œuvres du Moyen Âge et de la Renaissance, de l’art islamique et des peintures du XIXe sont achetés en masse par les conservateurs du musée. Les surfaces d’exposition sont sublimées par les travaux de Hirsch. Une nouvelle galerie voit le jour au 2e étage pour accueillir les peintures des maîtres anciens.  

Un escalier monumental est mis en œuvre pour assurer la jonction entre les deux ailes du bâtiment. Il sera décoré en 1881 par Puvis de Chavannes, figure majeure de la peinture française de ce siècle. 

Dernières rénovations et consécration 

En 1925, le Palais des Arts de Lyon devient le premier musée de France éclairé à l’électricité. Un tournant s’opère. Le musée s’ouvre à l’art contemporain. Le transfert de plusieurs collections vers les musées Gadagne et Guimet pousse l’établissement à revoir son organisation.  

La deuxième moitié du XXe siècle est marquée par des chantiers de rénovation majeurs. En 1990, le doublement du budget de la culture par Jack Lang permet le financement de la rénovation totale du musée des Beaux-Arts. En parallèle, les collections sont restructurées et la surface d’exposition passe de 10 000 m² à plus de 14 000 m², offrant davantage d’espace pour les expositions temporaires.  

Ces événements éphémères se développent aux côtés de nouvelles infrastructures pour l’animation et la recherche. Le musée des Beaux-Arts de Lyon se construit une renommée qui le hisse aujourd’hui au rang des grands musées européens

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