L'époustouflant transformation de l'Hôtel-Dieu

Le 27 avril 2018, le Grand Hôtel-Dieu ouvre ses portes après un chantier de reconversion sans précédent. L’ancien hôpital a été repensé et réhabilité pour remplir ses nouvelles fonctions : commerces, bureaux, hôtel, cafés-restaurants… Retour sur l’histoire et les nouveaux usages de ce bâtiment emblématique de la Presqu’île de Lyon.

L’histoire de l’Hôtel-Dieu de Lyon au fil des siècles

Le site du Grand Hôtel-Dieu a connu plusieurs vagues de transformation depuis l’inauguration d’un premier hôpital huit siècles plus tôt.

L’ancêtre du Grand Hôtel-Dieu

Au 12e siècle, les premières pierres de l’Hôpital du Pont du Rhône sont posées sur le site actuel du Grand Hôtel-Dieu. Les prémices de la Renaissance sont marquées par les épisodes épidémiques et les famines : l’institution accueille toujours plus de malades.

À la fin du XVe siècle, la bâtisse connaît sa première transformation significative. L’hôpital est agrandi alors que la ville connaît une forte croissance démographique. De cette première construction rénovée, il ne reste rien. Les travaux suivants vont définitivement changer la physionomie des lieux.

Les plans de Jacques-Germain Soufflot

Au XVIIIe siècle, les bords du Rhône sont réaménagés. Le Consulat entend alors repenser la bâtisse qui longe le fleuve. L’architecte des Lumières, Jacques-Germain Soufflot, est retenu pour un projet colossal qui prévoit :

• une façade de 400 mètres de long, sur deux étages et 51 travées ;
• le raccordement de la façade aux bâtisses antérieures avec quatre nouvelles constructions transversales ;
• des cours intérieures signifiant la séparation entre les différents secteurs hospitaliers ;
• et des arcades destinées à l’installation de boutiques et donnant sur le quai de promenade.  

Faute de moyens financiers suffisants, les travaux sont arrêtés. Ils seront repris au cours de la décennie suivante. Le chantier est cette fois-ci porté par Toussaint Loyer et Melchior Munet, élèves de Jacques-Germain Soufflot. Le Grand Dôme est érigé avec pour intention de favoriser l’évacuation des miasmes des malades.

Au XIXe siècle, les ailes latérales du bâtiment sont enfin achevées. Les louanges de l’hôpital agrandi sont vantées à travers le territoire national et en Europe. L’institution gagne en renommée. L’Hôtel-Dieu de Lyon voit se développer l’un des services pionniers de la radiologie en France.

Une dégradation progressive jusqu’à l’inévitable fermeture

La Première Guerre mondiale modifie l’usage du bâtiment, réquisitionné et reconverti en hôpital militaire. L’édifice traverse la Seconde Guerre mondiale, mais à la libération de Lyon en 1944 le dôme est détruit par un incendie. En 1967, l’ouvrage emblématique est reconstruit et surélevé.

De nombreux Lyonnais naissent alors à l’Hôtel Dieu, où sont programmés les accouchements des Hospices Civils de Lyon. De nouveaux services sont créés, mais le bâtiment se détériore et les conditions d’exercice se dégradent. L’Hôtel-Dieu sera restauré, mais sa fonction d’hôpital arrive à son terme en 2010.

Le chantier de reconversion de l’Hôtel-Dieu

La reconversion de l’Hôtel-Dieu intervient sur une zone inscrite au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco. Le bâtiment historique du quartier de la presqu’île à Lyon est sur le point de connaître une véritable métamorphose :

• 42 000 m² de bâtiments réhabilités et 10 000 m² de bâtiments neufs ;
• 8 000 m² de cours et jardins reliés aux rues adjacentes par 7 entrées ;
• une parcelle de 2,2 hectares.

Les architectes Albert Constantin et Didier Repellin ont pensé et conçu cette ultime transformation de l’œuvre de Soufflot. La conduite de ce chantier titanesque est confiée au groupe Eiffage et les travaux sont officiellement lancés au printemps 2015.

Nouvelles fonctions et répartition des espaces

Six nouveaux espaces se dessinent sur la surface de l’Hôtel-Dieu rénové et réhabilité :

• une zone commerciale avec boutiques, magasins, bars et restaurants ;
• des bureaux ;
• un hôtel 5 étoiles ;
• la Cité Internationale de la gastronomie ;
• un Centre de Conventions ;
• des logements.

L’intérieur du Grand Dôme correspond au lobby de l’hôtel Intercontinental. La Cité Internationale de la gastronomie s’est établie dans l’un des bâtiments les plus anciens du site, en face de la cour du cloître. L’immeuble tertiaire construit en angle avec un mur ancien a été conçu pour respecter à la fois l’alignement et le rythme des ouvertures historiques.

La verrière de la cour du Midi

La mise en œuvre de la verrière de la cour du Midi, fait partie des travaux qui ont marqué cette reconversion monumentale. L’ouvrage regroupe 400 verres feuilletés sérigraphiés sur une surface de 1 100 m². Cinq poteaux métalliques de cinquante centimètres de diamètre soutiennent la verrière de 120 tonnes. Cinq mois d’un travail minutieux auront été nécessaires à l’installation de ce seul ouvrage.

Inauguration et mise en lumière du Grand Hôtel-Dieu

Un an après son inauguration en 2018, le site a accueilli plus de 5 millions de visiteurs. Une quarantaine d’enseignes se sont installées dans l’hôpital reconverti en pôle commercial. Le Village des créateurs est venu compléter cette offre en proposant l’ouverture de boutiques éphémères. Les nouveaux talents profitent ainsi d’une adresse prestigieuse dans un cadre d’exception pour dévoiler leurs créations.

L’hôtel Intercontinentale 5 étoiles et la Cité Internationale de la Gastronomie ont ouvert leurs portes en 2019. La même année, la façade qui longe le Rhône est sublimée dans le cadre du plan lumière de la ville de Lyon, en place depuis 1989. Le Grand Hôtel-Dieu réhabilité rejoint ainsi la liste des quelque 350 bâtiments et sites illuminés dans la capitale des Gaules.