Située entre le Rhône et la Saône, la Presqu’île se dresse en dernier rempart avant la confluence des deux fleuves. Au fil des siècles, la Presqu’Île a su traverser les âges sans perdre de sa superbe. Au contraire, c’est grâce à son architecture, sa vie de quartier et ses monuments, que la ville de Lyon a pu proposer d’inscrire la zone entre Perrache et les Terreaux, au patrimoine mondial de l’UNESCO.
Un peu d’histoire pour commencer
Quelques siècles avant notre ère, la topographie de la capitale de la gastronomie était bien différente de celle que nous connaissons aujourd’hui. Le quartier de la Presqu’île, en particulier, n’avait rien d’une presqu’île et n’était qu’un ensemble d’îlots traversé par les affluents du Rhône et de la Saône.
L’île Canabae : l’époque romaine
Lyon, ou Lugdunum, est connue pour avoir été un véritable pôle stratégique et économique dès l’Antiquité. Avec la création de Lyon, capitale des Trois Gaules, la région s’est forgé un patrimoine solide et riche.
D’abord adossée à la colline de Fourvière, Lugdunum s’est étendue sur Condate, un bourg gaulois au sud de Croix-Rousse et a débordé sur les îlots situés à la confluence des fleuves. Les Romains nommèrent cette zone l’île Canabae, qui est l’actuelle Presqu’Île. Afin d’y installer la population, des travaux de comblements furent lancés pour réunifier toutes ces petites îles.
Il faudra attendre le 1er siècle pour que la Presqu’île soit habitée par la population civile. Au IIIe siècle, ce sont les négociants en vins qui s’installeront sur l’île Canabae. Le quartier deviendra alors un lieu voué aux commerces et aux artisans, d’où le nom Canabae qui signifie “entrepôt”, “baraque”.
Le Moyen Âge
La chute de l’Empire Romain fut brutale pour la Presqu’île. Avec l’arrivée du Moyen-Âge, les terres ont été pillées et les invasions ennemies ont ravagé le paysage. Ce n’est qu’à partir du XIe siècle que la Presqu’île se redynamise.
Cela commence par la construction de l’abbaye d’Ainay au sud de la Presqu’île. Construite sur les vestiges d’un édifice datant de l’époque mérovingienne, elle deviendra l’une des plus puissantes abbayes du Moyen-Age.
Au nord, a lieu la reconstruction du pont reliant la Presqu’île nord au quartier du Vieux Lyon. Cet édifice permettra le développement de l’artisanat, du commerce et des habitations sur la rue Mercière et autour de l’église Saint-Nizier.
Autre édifice emblématique de la Presqu’île érigé au Moyen-âge, l’Hôtel Dieu. Autrefois appelé l’hôpital du Pont du Rhosne, l’Hôtel-Dieu accueille dès le 12e siècle de nombreux malades, voyageurs et soldats blessés.
De la Renaissance à la Révolution
Si le Moyen-Âge fut important pour le quartier de la Presqu’île, dès la Renaissance, le quartier va connaître un développement urbain fulgurant. Dès la fin du 15ᵉ siècle, de nombreux cimetières et couvents sont transformés en places publiques. Aujourd’hui, on en dénombre certaines qui sont devenues incontournables à Lyon : place des Jacobins, place des Célestins et place des Terreaux.
Les populations investissent les lieux et c’est ainsi que les rives de la Saône et la Presqu’île deviennent les parties les plus peuplées de la ville. Les commerces et l’économie se développent aussi, notamment avec l’implantation de l’imprimerie avec Barthélémy Buyer sur la Presqu’île. Le quartier historique de Lyon devient peu à peu le nouveau centre de la ville.
Grâce aux nombreuses foires organisées, Lyon fait parler d’elle, même au-delà des frontières françaises, et attirent de plus en plus d’européens, qui choisissent de venir s’y installer.
L’époque contemporaine
C’est au 19e siècle que la Presqu’île que l’on connaît aujourd’hui apparaît. De Bellecour à la place des Terreaux, la Presqu’île se métamorphose pour assurer la prospérité de Lyon. Le préfet Claude-Marius Vaïsse et l’ingénieur en chef Gustave Bonnet, lancent de grands travaux pour assainir et moderniser.
Les anciennes constructions laissent place à des ponts rénovés, des quais surélevés et deux larges et belles avenues : la rue Impériale (aujourd’hui rue de la République) et la rue de l’Impératrice (rue du Président Edouard Herriot)
L’abbaye qui se trouvait au sud de la Presqu’île se retrouve désormais au cœur de celle-ci, puisque le confluent est décalé de trois kilomètres au sud, grâce aux travaux de l’ingénieur Antoine-Michel Perrache, qui débutent en 1771.
La Presqu’île gagne de l’ampleur et Lyon révèle l’opulence de la bourgeoisie lyonnaise au travers de son architecture et ses infrastructures modernes.
La candidature au patrimoine mondial de l’Unesco
Cette longue et riche histoire est aujourd’hui encore visible sur de nombreux bâtiments et monuments historiques de Lyon. Elle fait toute la richesse de la ville et transmet encore aujourd’hui les récits des Lyonnais d’antan.
Dans l’optique de préserver et perpétuer cette histoire, le journaliste Régis Neyret, décide en 1995 de présenter le quartier du Vieux-Lyon au patrimoine mondial de l’Unesco. Avec l’appui de l’ancien maire de la métropole de Lyon, Raymond Barre, Régis Neyret et de nombreuses personnalités travaillent à élaborer un dossier de candidature.
Après une première visite des experts de l’Unesco en 1997, un premier rapport tombe : le quartier du Vieux-Lyon ne suffit pas pour la candidature. C’est ainsi que la Presqu’île, Fourvière et la Croix-Rousse s’ajoute au dossier d’inscription.
C’est en décembre 1998 que le résultat est annoncé. L’inscription est validée et le site historique de Lyon est officiellement inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. C’est une victoire pour la culture lyonnaise et ses deux-mille ans d’histoire qui illustrent avec brio le progrès et l’évolution architecturale et urbaine.